Massacres du 8 mai 1945
Introduction
Soixante ans après le drame, l’Ambassade de France en Algérie a informé le monde que la République reconnaît désormais les massacres qui eurent lieu le 8 mai 1945 à Sétif, à Guelma, et dans une grande partie du Constantinois.
C’était la première fois qu’un représentant officiel de la France constatait la vérité de cette sombre page d’histoire contemporaine, que les spécialistes ont depuis longtemps dénoncée.
Sétif, Une gerbe pour les morts
Ferhat Abbas étant né, et ayant vécu longtemps à Sétif, M. l’Ambassadeur se devait d’évoquer « une tragédie qui a particulièrement endeuillé votre région. Je veux parler des massacres du 8 mai 1945, il y aura bientôt 60 ans : une tragédie inexcusable. Fallait-il, hélas, qu’il y ait sur cette terre un abîme d’incompréhension entre les communautés, pour que se produise cet enchaînement d’un climat de peur, de manifestations et de leur répression, d’assassinats et de massacres ! »
« Certains pensent qu’il faut oublier le passé pour qu’il n’enterre pas le présent. Je ne partage pas cet avis, même si nous ne devons pas non plus nous enfermer dans l’histoire. »,
a enchaîné l’ambassadeur.
La cérémonie officielle s’est achevée par le dépôt d’une gerbe devant la stèle du souvenir des événements et des morts.
Victimes et bourreaux
De tueries inexcusables, l’histoire humaine en est pavée.
L’épopée coloniale, par la personnalité même de la majorité des individus que les États mandataient, n’est qu’une succession de tragédies pour les peuples colonisés ; et de sacrifices pour les rares représentants sincères de la civilisation des Lumières qui se lançaient dans l’aventure par grandeur d’âme.
Alors, pourquoi revenir sur ce 8 mai 1945 ? Pourquoi s’attarder sur la démarche française et le geste de Monsieur l’Ambassadeur ?
"Persuadons-nous bien qu'en Afrique du Nord comme ailleurs, on ne sauvera rien de français sans sauver la justice." Albert Camus. La photo à droite est de 1956 (Ph. Lamblard)
Suite ...
En 1956, lorsque les appelés du contingent passèrent dans les villages du Constantinois, ils ne rencontrèrent que des femmes, les hommes étaient ailleurs...
Algérie, 8 mai 1945 " suite
Soixante ans, c’était hier, les générations se souviennent. L’enfant terrorisé est là, présent dans l’adulte qui vit et se remémore.
Le petit-fils a entendu de la bouche même des témoins le récit, et cherche un écho de la tragédie des siens dans les annales du pays et l’histoire de sa nation.
La haine comme l’amour cela se mène à deux. L’adversaire, le bourreau, que dit-il ? Porte-t-il le poids du souvenir ou le sentiment du devoir accompli ?
Puisqu’il y eut massacre, des mains ont tué, ou signé l’ordre du carnage. Si les témoins pouvaient être fort jeunes, les acteurs avaient nécessairement un certain âge, l’âge de tenir une arme. Ces derniers participants sont aujourd’hui des vieillards. La démarche de l’État français pour eux aussi est essentielle.
Et puis il y a tous ceux qui se sont trouvés complices sans le vouloir à cause du silence français...
Le bilan officiel.
Le 8 mai 1945, alors que le monde libre célèbre la défaite des armées nazies et la victoire des Alliés, se déroule à Sétif, Guelma, Kherrata, et dans une partie du Constantinois, des émeutes qui vont provoquer, en un premier temps, l’assassinat d’une centaine de colons européens, et en un second temps une répression incontrôlée qui frappera près de 40 000 personnes, en quasi totalité des « indigènes » musulmans.
Si le nombre de victimes européennes, ce mois de mai, à la suite des échauffourées de Sétif et, Guelma est parfaitement connu, 103 morts et 110 blessés, souvent dans des conditions horribles, le nombre exact d’Algériens victimes de la répression est inconnu.
La version officielle, admise aujourd’hui en Algérie, après avoir avancé des chiffres improbables, se situe autour de 40 000/45 000 martyrs. C’est le chiffre retenu par la Fondation du 8 Mai 45 notamment. Les historiens estiment que ce chiffre englobe non seulement les morts, mais également les blessés, et les emprisonnés dont un grand nombre ne survivra pas aux conditions de détention.
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